• TP : travaux pratiques ou trans pédé ?

    Ce texte vient faire écho à un texte intitulé "certains pédés aiment la chatte (provocation d'un trans pédé)" que vous pourrez trouver ici

    Devenir pédé. Trahir encore une fois les attentes normatives. Rester homosexuel. Presque malgré soi. Pour avoir de l’air. Se frayer un chemin en dehors du schéma prédateur-prédaté. Je suis post-daté. Je suis le futur qui a décidé d’atterrir maintenant. Comme une bombe. Toujours là où on ne l’attend pas. Mais pour le droit de toutes, et non plus de quelques uns. Ramener l’horizon utopique vers nous, plutôt que la couverture à soi. Faire de tous les terrains vague des terrains de jeu, où expérimenter la joie exploratrice, et supplanter les champs de bataille.

     

    Être pédé signifie aujourd’hui pour moi être un traître à ma nouvelle classe : celle des hommes, que j’ai eu tant de mal à rejoindre. Ne ne plus être constamment un objet de désir dont on méprisait de fait le consentement à l’accès de ce désir. Être pédé aujourd’hui signifie pour moi pouvoir être belle sans être en danger. Et être beau sans passer pour autant dans le camp des possibles possesseurs_de femmes.

     

    Être pédé, c’est expérimenter la trahison de classe et me rendre compte que cette fois-ci c’est un choix politique. Pour nous sauver toustes. Alors qu’être devenu un homme a pour moi été si difficile car vécu comme une trahison à la classe des femmes, mais une trahison individuelle d’ordre vital. Être pédé, c’est arborer mon féminisme et savoir que, malgré tout, au vu de la misogynie ambiante, ma parole sera tout de même davantage écoutée. C’est apprendre à en profiter de la manière la plus juste possible : amplifier la parole des femmes. Demander aux autres hommes de se taire quand ce sont elles qui parlent. Pour qu’on les écoute, enfin. Appuyer leurs dires, créer l’empathie des hommes les plus enclins à leur égard.

     

    Être pédé aujourd’hui c’est aussi l’ultime revanche sur mon destin. Moi qui ai été assigné fille, et qui ai été lesbienne. Pour qui être pédé représente plus l’arborescence du plastron « refus du concours de virilité » qu’une sexualité active. Jouer à séduire des hommes plus attentionnés, des hommes qui enfin me regardent. Des hommes qui représentent autre chose que la domination. Me demander ce qui retient mon désir, ce qui le pousse, comment ça me constitue et comment ça me construit, me faire explorer ce que j’ai pas déconstruit, flipper, inconsciemment, me demander si c’est utile d’explorer tout ça. Imaginer que ça pourrait faire sauter encore d’autres barrières. Hésiter. Parce que cette foutue société déborde de sexualisation malsaine. Chercher comment faire du sexe pédé et tantrique à la fois. Constater qu’au vu de mon profil, ce que je dénonce comme origines de l’ensemble des dominations, me permet d’exister. Je veux parler des villes, et d’internet comme vivier de communautés composées de gens disséminés, comme les spermatozoïdes que je produirai jamais. À moins que, avec le transhumanisme...mais l’évocation de cette idée suffit à me débecter, car ma position est radicalement anti-industrielle. Et que l’argent aujourd’hui dépensé pour chercher comment des bébés pourraient naître artificiellement est une énergie qui n’est pas donnée à ceux qui sont déjà là, et que les puissants laissent crever la gueule ouverte sur les trottoirs, puisque de toute façon, c’est bien connu, les pauvres, c’est leur faute s’ils sont pauvres, tu voudrais pas en plus qu’on les aide à rester feignants.

     


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